Altriman 2021

Plus d'informations
il y a 1 an 10 mois #12032 par lionel_L
Réponse de lionel_L sur le sujet Altriman 2021
Et voilà le CR promis.
Bon, vous n'êtes pas obligés de tout lire, j'ai fait un peu long :-) :Pourquoi l’Altriman ? On peut légitimement se poser la question.Moi-même, je me moquais copieusement des quatre « neuneus » qui étaient aller le faire en 2019. Parce que pour moi, c’était exclusivement un truc de « neuneus » cet Altriman : plus de 5000m de D+ à vélo avec des pentes sévères, des descentes de débiles, tantôt rapides, tantôt techniques, des fois les deux, le tout sur un revêtement dégueulasse (gravillons, nids de poules, etc.), et puis surtout une ambiance quasi inexistante. Je sais, c’est bien vendu.Alors comment j’en suis arrivé là ?Qu’est-ce qui m’a amené jusqu’à cette pseudo plage du lac de Matemale ce samedi 17 juillet à 5h20 à attendre un coup de pétard dans le noir et le froid ?Je voulais faire un Ironman cette année, oui mais pas tout seul. Le projet club 2021 c’est Embrun, nickel ! Mais après réflexion le 15 août c’est chiant familialement … Il y a aussi des gars qui vont en Suisse, le parcours et la date me plaisent bien, mais 800 boules l’inscription c’est abusé. Et puis j’entends parler de l’Alpsman … un Ironman que je classifie également comme un Ironman de « neuneus », mais un cran en-dessous et c’est le 5 juin. Trois mecs sympas y vont déjà : Patrice, Yann et Gwendal. Belle équipe me dis-je, et les inscriptions partent très vite. Allez, je clique, c’est parti !Puis le retour du come-back du covid nous fait craindre un report, ou pire une annulation. Et c’est là que le plan B Altriman débarque. Si l’Alpsman annule, on est déjà inscrits à un autre Ironman … hey hey ! malins les mecs ! Seul Yann n’adoptera pas cette technique, pas dispo début juillet.La suite : l’Alpsman est reporté le 25 septembre, soit on se fait rembourser, soit on y va en septembre. Et là, je ne sais pas ce qu’il me prend : « allez, zou, je fais les deux, Altriman en juillet et Alpsman en septembre ! », et j’étais même pas bourré … Patrice maintient un temps le suspens mais ne fera que l’Alpsman, tout comme Yann, Gwendal fera l’Altriman.On est donc deux à poursuivre le plan d’entrainement ensemble, un plan déroulé sans accros, pas de blessure, des pics de forme, des coups de moins bien, normal quoi !Début réel du CR :Comme d’habitude les derniers jours sur place sont un peu pénibles, je n’aime pas trop cette attente, je dors très mal d’ailleurs, je commence à faire de l’huile. Les descentes à vélo me font peur, ceux qui ont eu l’occasion de me voir à l’œuvre le savent, je suis un piètre descendeur. La peur d’oublier un truc aussi … bref, vivement samedi.Enfin le jour J. Le réveil sonne à 3h20. Ah enfin ! là on y est ! et plus aucune appréhension. Je suis dans le match. Je retrouve Gwendal dans le parc, il a l’air serein également.On rejoint le bord du lac, il fait nuit, il fait froid (6°), mais je suis bien. On attend le départ un long moment, on s’encourage mutuellement avec Gwendal, je suis chaud bouillant. Ils lancent un « Jump » de Van Halen dans les enceintes, un peu ringard mais efficace, l’adrénaline monte, je suis tendu comme un arc. Soudain, le coup de pétard retentit et les fumigènes rouges s’allument. Je pars trop vite, et au bout de 150m me retrouve dans les pieds du premier, je me reprends très vite. Je trouve un poisson pilote qui va une allure convenable, il mène notre petit groupe sur la première boucle de 1.9km. Arrive la sortie à l’australienne, 31’, pas ouf. Mais vu la journée qui m’attend, je ne me mets pas de pression en nat. Deuxième boucle, le gars qui m’a tracté jusque-là explose, un peu comme un équipier qui a fini son taf en montagne sur le tour. Il pensait peut-être qu’il n’y avait qu’un tour. Du coup je prends les choses en main pour éventuellement le laisser prendre mes pieds, mais non, il est cuit, bizarre. Je boucle la nat en 1h02 sans m’être trop employé, l’objectif est atteint, j’entame le vélo frais. Et c’est le cas de le dire, je claque des dents sur le début du vélo malgré un coup-vent et des gants longs. Le parcours va vite me réchauffer.Ça commence doucement mais sûrement par les cols de Quilane (5km à 3.7%) et de Llose (3km à 5.1%), ils n’ont de cols que le nom, ça passe très facilement. Suit une longue descente de 14km, pas rapide mais assez technique, évidemment je me fais doubler de toutes parts et ce sera une constante pendant la journée. Ah tiens ! je double un mec ! j’ai trouvé plus nul que moi en descente, et je reconnais mon voisin de camping depuis la veille, un gars assez fermé, mais bon on a le droit d’être dans sa bulle la veille d’un ironman. Ensuite, c’est le col de Creu (13.7km à 4.8%). Le paysage est dingue ! Là encore, ce n’est pas trop méchant comme montée, le début est même roulant, la fin beaucoup moins. Mon voisin de camping me dépose sur la partie roulante (je réalise pendant la journée qu’il s’agit d’Emannuel Piron, le vainqueur de l’édition 2019). Et dans la partie finale je reprends quasi tous les bons descendeurs qui m’ont nargué peu de temps auparavant.Il fait maintenant assez bon et je vire mon coupe-vent et mes gants longs pour aborder la partie roulante qui va de Matemale vers le pied du port de Pailhères. Ça fait du bien de soigner un peu la moyenne. Joie de courte durée, puisque je suis comme scotché au début de Pailhères (14.7km à 7.7%), l’enchainement plaque tout à droite sur 30 bornes / petit plateau quasi tout à gauche ne plait pas du tout à mes guiboles et elles me le font savoir. Ça rentre dans l’ordre assez vite. Ah ! monsieur Piron a creuvé mais reçoit l’aide de madame (c’est pas bien de balancer J). Je m’arrête au ravito de Mijanès - beaucoup ne s’arrêtent pas, mais comment gèrent-ils leurs ravitos … ? (faut imaginer cette question avec un ton faussement naïf) - puis je poursuis l’ascension à mon train, ça tourne bien malgré le vent de face un peu pénible. Je reprends certains mecs qui ne s’étaient pas arrêté plus bas. Je remplis mes gourdes au sommet et échange quelques mots avec Anne, la femme de Gwendal, elle me dit que je suis dans les 10 et que Gwendal était à 10’ de moi en bas, je suis content mais la route est encore longue.Je me fais évidemment doubler dans la descente mais de moins en moins, les positions semblent se figer un peu. En fin de descente, virage à droite, et col du Pradel (7km à 7.8%) direct. C’est un col vraiment sympa, route étroite, bitume pourri mais on est en pleine nature, au milieu de nulle part. Je reprends un gars à l’arrêt sur le bord de la route (il a l’air complètement cuit, il mange une banane les yeux dans le vide et se réhydrate) et un autre à la pédale. Ce deuxième me reprend très vite dans la descente, je ne le reverrai plus. Cette descente de 20km nous fait traverser de magnifiques villages à flanc de falaise, encore une fois c’est très beau. C’est au tour du col de Pradel et ses 10km à 3.4% qui passent très bien mais il commence à faire chaud bordel !Et là ! Wahou ! la petite descente qui nous amène au ravito de Bessède de Sault, il faut la faire pour le croire ! elle est littéralement dégueulasse !!! Quasi plus de bitume digne de ce nom, nids de poules, des cailloux et gravillons dans les virages. Si je ne crève pas là, je ne crèverai jamais. Je la passe sur les freins, prends mon ravito perso (et toujours ces gars qui ne s’arrêtent pas …) et m’engage dans les splendides gorges qui nous amènent au pied du col du Garavel (14km à 5.8%). Juste avant d’aborder cette ascension qui ne paye pas de mine comme ça, je me disais que j’étais bien, presque de mieux en mieux. Mais je me rappelle des mises en garde de Patrice « ça commence au 150ème, tu verras …» et de Gwendal « Garavel, c’est une horreur, y’a un mur de 4 bornes au milieu, tu verras … ». Ouais bah j’ai vu. Le début est cool mais déjà plus d’ombre, pas d’air, on est à la plus basse altitude du parcours et il est 13h. Je suis en surchauffe, je me vide la gourde dessus, je m’alimente, je sens la cartouche arriver. Et dans la partie raide décrite par Gwendal, elle arrive, 34/30 obligatoire, je suis tout à gauche, je savais que ça arriverait mais ça fait mal. J’avance plus, je regarde derrière, mais ça met beaucoup de temps à revenir, je ne dois pas être le seul à péter. Seulement deux mecs me reprennent. Ouf! le ravito de Roquefort de Sault, avec arrosage, trop trop bon ! Cette douche me fait un bien fou, et la pente se fait moins raide. Je reprends ceux qui venaient de me doubler plus deux autres gars qui visiblement sont dans le dur. C’est reparti !Mais attention, même si ça va mieux, je me prépare à l’enchainement côte de Carcanières (3km à 9.3%) et col des Hares (4km à 7.6%). Je les passe assez bien avec les moyens du moment, je commence à être un peu cuit. Je m’arrose très régulièrement pour gérer la chaleur, l’ombre se fait très rare. Après le col des Hares, dernière difficulté, c’est 20 bornes en faux-plat montant mais vent dans le dos, c’est très appréciable. Je fais cette partie avec un mec qui m’accompagne depuis le milieu de Garavel, on se double au gré du parcours, un coup à toi un coup à moi. On finit bien puisqu’on reprend trois mecs qui n’arrivent plus à envoyer sur la plaque. Ça sent l’écurie, je m’approche de la transition. Enfin, je pose pied à terre, la foulée est pas mal. Pendant ma transition, je tape la discute avec PF Douguet et Mick Bervas qui ont terminé le half. Mick me met en garde sur LA bosse du parcours, je l’ai faite en bagnole avec Gwendal l’avant-veille, et c’est sûr qu’il faudra pas jouer au con dedans. J’entends la speakerine annoncer que je pose le vélo 9ème, super ! ça booste. Je pars sur la partie plate de 6 km, l’aller-retour vers le barrage en longeant le lac de Matemale à un bon rythme sans me cramer ( 4’50’’/5’ au 1000), tout ce qui est pris n’est plus à prendre … Je suis sorti 8ème de T1 et mon nouveau pote de Garavel est sur mes talons. On double le 7ème assez vite. Mon pote me suit jusqu’au début de la montée vers les Angles (2km à 5 ou 6% je dirais) qui se fait bien mais les jambes sont lourdes. Des cris de douleurs retentissent derrière moi, c’est mon collègue qui crampe, et pas qu’un peu, j’ai mal pour lui. Mais mon empathie a ses limites, je continue mon petit bout de chemin. La traversée des Angles est une succession de bosses courtes, de replats sur 1km. Une de ces petites bosses est impassable pour moi en courant, à vue de nez je dirais 20/25% sur 10m suivis d’escaliers. C’est le seul endroit où je marcherai. Je poursuis et me voilà maintenant dans LA bosse du parcours, celle évoquée avec Mick. Elle ne fait que 1 km mais parait interminable, entre 10 et 13% quand même ! Plus grand monde ne court ici. Mentalement, je ne veux pas marcher, j’arrive à maintenir une petite foulée à 7’/7’30’’ au 1000, ça se rapproche de la marche mais je ne veux pas m’y résoudre. J’arrive au ravito en haut du mur, à ce moment je croise les premiers et en déduis que je suis en fait 5ème (j’ai loupé un gars quelque part). J’entame l’aller-retour de 6km vers le lac de Balcère avec la patate et de bonnes jambes, j’essaie de retrouver une moyenne décente. Au moment de redescendre le mur, j’entends des pas, un espagnol me reprend, il a une très belle allure, s’il bluff c’est bien réalisé. On se croise avec Gwendal, on s’encourage, il me hurle dessus ! Sympa  ! Je reste avec cet espagnol, et au moment où il improvise une petite pause caca dans les rues des Angles, je me dis qu’il bluffait peut-être. Mais en fait, il revient sur moi et je le laisse partir, il devait être incommodé … C’est finalement au début du 2ème tour que j’aie mon coup de barre, pourtant sur la partie la plus roulante. Je suis écœuré par ma boisson iso et mes gels ne me font plus du tout envie. Je n’insiste pas et m’arrêterai à tous les ravitos dorénavant. Ce sera eau/coca + tuc/banane, ce cocktail alléchant fait revenir de meilleures sensations mais un autre espagnol me double au bout du barrage. Avec mes forces retrouvées, je suis bien décidé à tenir cette 7ème place. J’entame la deuxième montée, au mental, cerveau débranché, ça tient, en courant encore un peu moins vite, mais ça tient. Sur le retour du lac de Balcère, je vois que le 8ème est assez loin. Je prends mes aises aux ravitos, mauvaise idée. Le mec finit fort et au moment de descendre vers le lac de Matemale sur le chemin enherbé, je le vois revenir pleine balle ! Et merde ! obligé de mettre tout ce qu’il me reste, et y’a plus grand-chose … Il reste deux bornes, son retour est inexorable, je prends l’option tac tic de le laisser passer pour prendre ses pieds et tenter de le niquer sur le finish. Brillant en théorie, mais en pratique … L’espagnol (encore un )  a tout lu, et surtout il est plus fort. Me voyant le coller, il part au dernier kilomètre, le rythme est infernal – il m’a fait courir les deux derniers kilomètres à 4’44’’ - et je me résous à lâcher la 7ème place. C’est moi qui l’ai laissé revenir, c’est le jeu. Je passe la ligne, soulagé, heureux de ma course et épuisé. Le photographe officiel, puis Paulo, me tirent le portrait. C’est vraiment pour le souvenir les gars parce que j’ai une sale tête ! En mangeant mon burger du finisher, j’échange avec l’espagnol qui m’a martyrisé et il m’explique qu’il finit fort parce qu’il pense que ça revient derrière lui : bah non en fait, on a le temps de finir le burger avant que le 9ème arrive … Il pourrait m’avouer qu’il voulait me niquer quand même. Bon, je vais me chercher des fringues sèches, de toutes façons je comprends plus rien à ce qu’il se raconte dans cette zone d’arrivée, ils parlent tous espagnol. J’attends l’arrivée de Gwendal, il finit proprement, à une belle 21ème place. Sa joie fait plaisir à voir. Une belle expérience commune, c’était super !Au bilan, l’Altriman est vraiment à part, par son parcours hors norme bien sûr, mais surtout pour son côté « bonne franquette ». L’ambiance est vraiment cool, et ça se prend beaucoup moins au sérieux qu’ailleurs. Le nombre de participants fait qu’on a presque tous un petit mot d’encouragement les uns pour les autres, personne ne vient chercher un chrono ici. Même le manque d’ambiance ne m’a pas gêné, on vient pour autre chose et on prend quand même son pied. Il faut y venir, à condition d’aimer grimper, d’arriver affûté et plein d’humilité (parce que c’est quand même un peu un truc de « neuneus »).

Connexion pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 1 an 10 mois #12033 par lionel_L
Réponse de lionel_L sur le sujet Altriman 2021
j'avais fait des paragraphes (copier/coller de Word), là c'est un peu rebutant en un bloc ... Désolé

Connexion pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 1 an 10 mois #12034 par david
Réponse de david sur le sujet Altriman 2021
Ca m'étonnait aussi que tu saches faire des 'copiés-collés' :) mais, t'inquiète, c'est un plaisir à lire. Encore bravo !

Connexion pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 1 an 10 mois #12035 par paul
Réponse de paul sur le sujet Altriman 2021
Top le CR ! 
Bonne nouvelle, Lionel est humain ... il marche dans les côtes à 20-25 % (après 200 km de vélo ...) !    quoique, j'ai un petit doute : finir cette course de dingue par 2 km de sprint, c'est fou ... 
En tout cas, super région pour la rando et le cyclotourisme

Connexion pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 1 an 10 mois #12036 par lionel_P
Réponse de lionel_P sur le sujet Altriman 2021
Bravo pour le CR et pour la course aussi !

Connexion pour participer à la conversation.

Plus d'informations
il y a 1 an 10 mois #12037 par olivier_BE
Réponse de olivier_BE sur le sujet Altriman 2021
Bravo également Lionel, good job !

Connexion pour participer à la conversation.

Temps de génération de la page : 0.209 secondes