Je me lance dans le CR, mais soyez indulgent, je suis beaucoup moins entrainé à écrire qu’à faire un Triathlon … Vous me pardonnerez donc les fautes et la longueur…
Avant de commencer, je vous remercie encore pour vos encouragements et vos félicitations.
Le plus dur dans cet aventure a été d’avoir un dossard et d’être au départ d’une course, c’était vraiment pas la période pour commencer le triathlon… Après l’annulation d’Embrunman 2020, le report de l’Alpsman 2021 pourtant bien préparé avec une team de choc, je n’avais plus d’autre choix que m’inscrire sur l’Altriman pour avoir un été peinard ensuite

et ne pas repartir sur une année de plus, de grosse préparation qui aurait d’ailleurs été difficilement négociable....
Si c’est une course qui m’intéressait, je ne me voyais pas commencer la longue distance par une des épreuves les plus éprouvantes… Mais maintenant que j’étais inscrit, il fallait désormais redoubler d’effort pour être au point le jour J. Heureusement Lionel a eu la même idée que moi et on ne sera pas trop de 2 pour s’encourager durant les longues séances d’entrainement. Un stage de 6 jours sur place me permettra de reconnaitre le parcours (qui est effectivement bien bosselé comparé aux Monts d’Arrée) de bouffer de la montée, de la descente, en vélo, en courant et d’exploser dans le col de Garavel…
J’arrive aux Angles en famille une semaine avant la course, ma préparation a été bonne, aucun pépin physique, une grosse confiance et vraiment hâte d’être au départ. Très peu d’activité les jours avant la course et les nuits ont été bonnes. Le réveil à 3h30 le samedi matin est une libération : je vais enfin être au départ d’un Triathlon! La température extérieure est de 6°C, du coup j’enfile ma combinaison avant de quitter le chalet. Anne m’amène au parc où je retrouve Lionel, on prépare nos affaires tranquillement et sereinement dans le noir et le froid si bien qu’on est dans les derniers à quitter le parc direction le lac. On arrive au moment où ils ouvrent l’air de départ, du coup on est les premiers à y rentrer et on se retrouve en première ligne du rolling start (départ 5 par 5)… Pour des grands nageurs (comme Lionel), c’est une bonne idée mais pour des nageurs moyens c’est pas forcément l’idée du siècle… Mais je suis tellement impatient de me mettre à l’eau que je garderai cette place.
Derniers encouragements avec Lionel, 5h30, « Jump » à fond et c’est parti direction les phares à 1km au large, le bonheur !!! En plus, rentrer dans une eau à 18°C quand il fait 6°C, est extrêmement agréable, c’est quasiment un jacuzzi. L’euphorie durera pas longtemps, comme prévu et même si c’était pas un Mass Start, je me fais défoncer pendant400m, je l’ai bien cherché…, au bord de l’asphyxie, je décide de me mettre au crawl Water-Polo (je comprends maintenant à quoi servaient les séances de WaterPolo…) en m’écartant du peloton. Il faudra 10 bonnes minutes avant que je retrouve mon souffle et que je reprenne du plaisir. Première boucle en 35’. Quelques crampes à partir de la seconde boucle qui deviennent de plus en plus fréquentes, je tends mes mollets mais il est temps que ça se finisse, nager avec les pieds repliés ça va un temps. La natation est bouclée en 1h13, je suis dans mes temps. Avec la pénombre, je suis incapable de me situer dans la course mais je n’ai fait qu’être doublé, normal. Je verrai après que je sors 76ième.
Je cours jusqu’au parc à vélo, mes pieds ont gelés sur le chemin. J’enfile mon cuissard, mon maillot, mes gants… qui ont eu le temps de s’imprégner d’une agréable rosée à 6°C, j’arrive à peine à enfiler mes chaussettes, après 7min de transition, je monte enfin sur le vélo.
C’est le moment que j’attends depuis si longtemps, je vais enfin pouvoir monter des cols en course, j’ai le sourire aux lèvres. Le vélo c’est mon point fort et dès les premiers kilomètres je remonte du monde. J’ai les mains gelées mais c’est pas grave, une fois le premier col gravi, les rayons du soleil me réchaufferont. Les jambes répondent bien. J’enchaine la Quilliane, la Llose et le Creu a un bon rythme en montée en faisant les descentes à fonds. Cela me permet de continuer à doubler. Premier ravito, je remplis ma gourde et je reçois déjà mes premiers encouragements de la famille, eux aussi sont sur le pied de guerre. Je les retrouverai sur tout le parcours, c’ est top ! S’en suit une longue descente jusqu’au pied de Pailhères, le ‘’HC’’ de la journée. J’enlève enfin mes gants et ma veste et j’entame le plat de résistance. Pour avoir reconnu la grande boucle 2 fois en Juin, je sais que je ne dois pas forcer et ne pas avoir moins de 28 dents à l’arrière. Je commence donc ma montée tranquillement, en étant doublé par 2 gars. Ils caleront quelques kilomètres plus loin. Premier ravitaillement avec sac perso, j’y sors mon ingrédient secret : de la pizza maison. Je suis bien et heureux d’être là, je continue à remonter dans le classement même si je n’ai toujours aucune idée de ma place. Je finis l’ascension avec Théo qui fait également son premier Ironman, on tape la discute (comme cela arrivera avec plusieurs concurrents tout au long de la course – il y a vraiment une bonne ambiance) sur le dernier kilomètre avant de retrouver nos femmes respectives au sommet de Pailhères et de ses 14Km de montée à 8%. Anne m’informe que Lionel n’est qu’à 2-3 minutes devant, ça veut dire que je n’ai pas si géré que ça ma montée mais si j’ai une chance de le revoir c’est en attaquant dans la descente de Pailhères qui est extrêmement rapide et dégagée. J’arrête le suspens tout de suite : je ne le reverrai pas, c’est qu’il sait gérer sa course Lionel! Après 10min de descente, on remonte directement vers Le Pradel avec encore du 8% pendant 7km. Je double encore 3 concurrents en début de col mais ce sera les derniers, je ne rattraperai pas les 2 suivants qui resterons en point de mire jusqu’au sommet. Je commence à souffrir dans les derniers hectomètres (j’ai peut être un peu forcer dans Pailhères…) mais je sais que derrière, il y a une longue descente, une petite bosse nommée Pradel encore et une descente dégueulasse de 3km avant le second ravito avec sacs perso. Les descentes ne sont d’ailleurs pas de tout repos, elles demandent une forte attention entre les nids de poule, les graviers, les virages entre ombre et lumière, les passages étroits entre les maisons de villages perdus…
Second ravito et nouvelle pizza, si je doute que la pizza ait des effets dopants sur l’organisme, ça fait du bien mentalement de manger autre chose que des barres sucrées. De Pradel jusqu’à l’arrivée vélo, mon classement, que je ne connais pas sur le coup et qu’aucun bénévole ne peut me donner, ne bougera quasiment plus. Je ne verrai plus qu’un certain Stephane de Vitrolles qui me dépassera 5 fois et que je redépasserai 5 fois au gré de ses arrêts aux stands, sa baignade dans un lavoir suite à un coup de chaud, sa chute en montée et enfin sa prise en charge par la sécurité alors qu’il titubait sur le bas-côté…
Pour en revenir à la course, j’arrive enfin au col de Garavel, si ses 14km à 5.8% avec un sommet à 1200m seulement ne paraissent pas terrifiant, je sais, pour l’avoir reconnu, qu’après 6km de faux plat se dresse un mur de 4km à 10% exposé plein sud sans ombre sans vent. J’y avais explosé lors de ma première reco alors qu’il faisait 20°C (j’avais été obligé de poser pied à terre…), la température y frôle ce jour les 35°C, le coup de chaud est là, l’explosion est proche, mes pieds brûlent, je suis dans le rouge, ma montre indique 8km/h, les km ne défilent plus et j’attends le ravito de Roquefort avec impatience, je sais qu’après la fin du col est plus roulante. J’atteins enfin le ravito, je bois un demi bidon, je refais le plein et je profite pleinement de l’arrosage proposé pour rafraichir mes jambes. Ca fait un bien fou, je repars rapidement mais dans une partie où les % remontent, je chope 2 crampes aux cuisses (aux vastes internes pour être précis). Pas de panique, tout est prévu, quand on a des crampes en vélo, il suffit de rouler plus souplement en moulinant, j’actionne ma manette de dérailleur pour ajouter quelques dents dernière, bizarre, il ne se passe rien, je suis déjà sur le 30… Je serre les dents, je me relâche, faut tenir, le sommet n’est plus très loin. Le sommet de ce col indigeste enfin passé , il y a une petite descente avant de repartir sur Carcanières (encore du 9-10% sur 3 km), dans lequel je suis encore scotché car toujours en surchauffe, et le col des Hares qui malgré ses 4Km à 7% semble bien facile par rapport aux 2 horreurs précédentes. Nouvel arrosage avant le col des Hares, nouvelle crampes aux cuisses dans la foulée, note pour la prochaine fois : refuser tout arrosage des cuisses !
Le quasi plat de 20Km jusqu’au parc est une formalité mais je suis content de poser mon vélo, mon cuire commence à brûler. 9h10 de vélo, j’avais pour objectif d’être autour des 9h, avec la fournaise sur la fin de parcours, je suis satisfait de mon temps même si je ne connais pas encore ma place.
J’imagine que je suis dans les 40/30 quand j’entends la speakerine annoncer que je suis 19ième. Je suis dans un rêve ! Mais je ne m’enflamme pas, si j’étais serein sur la natation et le vélo qui se sont passé comme prévu, je n’ai jamais réussi à faire une course à pied de triathlon propre, j’ai toujours fini à la ramasse. Alors comme je n’ai jamais fait plus de 21km en compétition et comme il y a 2 fois la patate des Angles à monter (1.5km à 5% suivi de 1.5Km à 8.5%), je pars vraiment mollo avec comme seul objectif de finir aussi bien (ou pas plus mal) que je ne commence. Sur les 6 premier km de plat je suis juste sous le 6min/km, rapidement 4 concurrents me dépassent, dont le Stephane de Vitrolles qui rechutera encore !!! (il m’expliquera qu’en 2019, il a fini à l’hôpital déjà à cause d’une chute…) juste devant moi avant de me redépasser une dernière fois, je ne fais pas attention à eux, mon but actuel n’étant pas de défendre ma place mais de pouvoir faire un second semi identique au premier. Au fur et à mesure que la pente se dresse, mon allure s’écroule et je me résous à marcher dans la partie à 8%, Lionel, que je croise et qui descend lui, (je l’encourage au passage, il est 5ième ! la bête !!) me chambre en me disant qu’on ne marche pas au premier tour... La bonne blague… La cote étant une longue ligne droite, je vois tout les gars qui m’ont dépassé devant, tout le monde marche, je ne suis pas plus en perdition que les autres. Par contre mon estomac commence à se lasser, les 16 barres de céréales ingurgitées depuis le début de la journée on eut raison de lui, il me lâche , le TUC pris au ravito ne passe pas, je commence à jongler, l’aller-retour vers Balcère avant la redescente est douloureuse, je remarque en plus que je ne transpire plus ! Je ne suis pas loin de la déshydratation. Il faut revoir l’alimentation, plus de solide et de l’eau toute les 3 minutes. Je me refais dans la descente et je recommence à transpirer, ouf !, si 2/3 concurrents m’ont encore dépassé, ça à l’air de se calmer. Je finis le premier semi en 2h24, je ne suis pas passé loin de la correctionnelle mais je repart sur le second au même rythme. Anne m’accompagne sur les premiers Km, j’ai hâte d’être dans la montée parce que je sais que je vais y marcher et que ça me fera du bien. Je recroise Lionel qui à l’air moins aérien, mais qui galope toujours. 2 concurrents me dépassent encore en haut de cette dernière montée. Mais maintenant que je suis là-haut, qu’il n’y plus de difficulté majeure et que j’ai réussi à gérer ma course sans craquer, mon objectif dans les 8 derniers kilomètres va changer. J’ai plus mal à l’estomac, je suis bien réhydraté, je suis décidé à repasser en mode course, fini la gestion, maintenant on donne tout. Je reprends rapidement les 2 gars qui venait de me dépasser, je continue sur ma lancée en accélérant dans la descente, encore un de repris, on arrive dans les 3 derniers kilomètres et je vois 2 gars, qui m’avaient dépassés en début de course, à quelques centaines de mètres devant, j’accélère, les jambes répondent, je fais une Pat La Menace, la classe !, j’en reprends un qui traine au ravito ou je ne fais que remplir ma gourde, plus que 2 KM, et toujours un néerlandais que je n’ai pas vu depuis 25KM en point de mire, je le reprends à 1 km de l’arrivée, il n’a pas la force de me suivre mais je suis euphorique et je finis au sprint, trop heureux de finir l’Altriman en bon état. Je vois l’arrivée, je regarde dernière, personne, je peux prendre le temps de prendre mon petit Marceau dans les bras et d’être accompagné par mes grands Elsa et Tom pour passer sous l’arche d’arrivée en 15h27 avec un second semi à 2h24 identique au premier.
Je finis 21ieme, inespéré ! Je suis ravi de ma course et pas trop déglingué. J’avale le burger d’arrivée d’une traite, il passe sans soucis, seul point négatif : pas de bière à l’arrivée… ça va faire 2 semaines que je suis en sevrage et ça c’est vraiment dur ! Je retrouve la famille qui me félicite et Lionel qui a fait une énorme 8ieme place, encore félicitation à lui. La course fut géniale avec une organisation et des bénévoles au top. Le parcours, bien qu’exigent, est vraiment agréable et j’avais la chance d’avoir mes supporters tout au long de la journée. La journée s’est déroulée idéalement selon le meilleur scénario prévu et après 2 ans de préparation non-stop, je vais enfin pouvoir lâcher avec le sentiment d’avoir fait du bon boulot.